Les fourmis de velours possèdent un venin comparable à un couteau suisse

Peu de créatures peuvent affronter une fourmi de velours et s’en sortir indemnes. Ces insectes terrestres, qui ne sont pas réellement des fourmis mais des guêpes parasites, sont célèbres pour leurs piqûres extrêmement douloureuses.

Des chercheurs ont récemment découvert que le venin de ces guêpes n’agit pas de la même manière sur toutes les espèces. Selon la victime, différents composants du "cocktail" de venin sont activés pour causer un maximum de dégâts. Les résultats de cette étude ont été publiés le 6 janvier dans la revue Current Biology.

La défense impressionnante des fourmis de velours

Les fourmis de velours figurent parmi les insectes les mieux protégés de la nature. Elles disposent d’un arsenal impressionnant : venin puissant, coloration d’avertissement, odeur caractéristique, exosquelette extrêmement résistant, long aiguillon et la capacité de "crier" lorsqu’elles sont menacées. En 2016, l’entomologiste Justin Schmidt décrivait la piqûre d’une fourmi de velours comme "de l’huile bouillante renversée sur toute votre main".

Les scientifiques ont découvert que le venin de ces guêpes affecte non seulement les insectes, mais aussi les vertébrés, y compris les mammifères, les reptiles, les amphibiens et les oiseaux. Bien que certains animaux, comme les mille-pattes, possèdent également des venins adaptables, il est rare qu’un organisme puisse repousser des prédateurs de groupes aussi divers.

Une étude sur un venin unique

Des chercheurs de l’Université de l’Indiana, dirigés par Lydia Borjon, ont étudié le venin des fourmis de velours Dasymutilla occidentalis. Initialement, ils supposaient que le venin ciblait des structures moléculaires anciennes communes à plusieurs espèces. Mais les résultats ont surpris.

L’équipe a extrait le venin et synthétisé 24 peptides, principaux composants chimiques responsables de la douleur et des dommages cellulaires. En testant ces peptides sur les neurones de larves de drosophiles, ils ont identifié que le peptide le plus abondant, Do6a, provoquait une réaction spécifique chez les insectes, en ciblant des neurones sensibles aux stimuli nocifs.

Chez les souris, le venin provoquait également une douleur, mais pas à cause de Do6a. Deux autres peptides, Do10a et Do13a, ont été identifiés comme responsables, agissant sur différents types de neurones sensoriels pour produire une réponse plus généralisée.

Un mystère évolutif

Cette étude a montré que le venin des fourmis de velours utilise des mécanismes différents : un mécanisme général pour les mammifères et un ciblage précis pour les insectes. C’est l’un des premiers travaux à démontrer plusieurs modes d’action dans un même venin.

Le toxicologue Sam Robinson, de l’Université du Queensland, pense que ce phénomène pourrait être plus courant qu’il n’y paraît. Il souligne que peu de recherches testent les effets des venins sur différentes espèces, car la priorité est souvent donnée aux espèces prédatrices spécialisées.

Pourquoi tant de défenses pour les fourmis de velours ?

Un autre mystère demeure : pourquoi ces insectes possèdent-ils un arsenal aussi étendu ? Ils ne sont pas des prédateurs agressifs, et peu de prédateurs semblent s’en nourrir régulièrement. Joseph Wilson, écologue évolutif, suggère que leur venin pourrait avoir évolué pour repousser un prédateur inconnu, actuel ou passé, ou qu’il s’agit simplement d’un "heureux accident" de l’évolution.

"En tant que biologistes évolutionnistes, nous cherchons un sens derrière ces adaptations, mais parfois, l’évolution agit de manière mystérieuse", déclare Wilson.

Précisions

Velvet ants (Mutillidae) are a family of more than 7,000 species of wasps whose wingless females resemble large, hairy ants.

Автор Peter Yermilin