Cependant, le niveau de vie ne rend enthousiaste que 20% de ses habitants.
L'enquête a été menée à l'échelle nationale et avait pour but de se renseigner sur les points d'honneur national des citoyens de la Fédération de Russie. Le sondage sur le terrain a été réalisé le 18 et le 19 juin dernier, dans 130 communes de 46 régions, pour un total de 1.600 participants. L'erreur statistique serait de l'ordre de 3,5%.
« La majorité écrasante de citoyens russes s'enorgueillissent de leur histoire (90%), culture (88%), un armée forte (90%), une science bien développée (82%). Le sport est aussi à l'avenant (75%) aussi bien que la position de la Russie au niveau international (72%). Il est à noter qu'au cours des dernières années, le patriotisme des citoyens a connu une croissance tout à fait spectaculaire. L'approche du niveau de vie tranche crûment sur ce fond réjouissant : ne le trouvent satisfaisants que 19% de participants au sondage ; 76% ne peuvent en dire autant.
Les sociologues notent également qu'à la question de l'auto-définition, les Russes répondent qu'ils se sentent, avant toute autre chose, citoyens de la Fédération de Russie. Ainsi l'appartenance à la communauté nationale est pour les Russes la clé de voûte de leur auto-définition dans le monde.
« Au cours des deux dernières années, les gens ont commencé à attribuer plus de portée à la définition « être humain » (cette notion est appliquée par 31% à la différence de 2014 où ce chiffre n'était que de l'ordre de 21%). A aussi de l'importance le statut familial (19% contre 12% lors du sondage précédent). En revanche, le voisinage commence à compter moins (le chiifre a dégringolé de 24 à 16%).
Le sondage a également démontré à quel point les citoyens de Russie se sentent solidaires des événements survenus au cours des dernières 15 années de l'existence du pays.
Est classée comme, de loin, l'événement le plus important la réunification avec la Crimée (14%), les JO d'hiver à Sotchi (12%) et l'amélioration de l'état des forces armées (10%). En même temps, 25%, soit une personne sur 4, estiment que Vladimir Poutine est la personne qui a le plus de mérite en Russie.
« La réunification avec la Crimée au printemps 2014 a beaucoup influencé l'auto-perception des Russes. La fierté pour leur pays a grimpé jusqu'au Mont-Blanc. Les participants au sondage font preuve d'une autre optique à l'égard de l'armée nationale et de la position de la Russie dans le monde. Deux événements jugés les plus populaires de la dernière décennie sont aussi liés à la Crimée.
La réussite des sportifs russes représente une autre facette de la fierté nationale. Mais le poids de l'auto-définition atone «être humain » accuse cependant une nette augmentation », confie Ivan Lékontsev du Centre des recherches sociologiques (VCIOM).
L'enquête a également démontré qu'une nette majorité de citoyens (70%) n'est pas prête à quitter leur pays pour gagner mieux leur vie à l'étranger. « Parmi ceux qui envisagent une telle possibilité (pas plus de 23%), la jeunesse représente la plus grande partie (36% ont entre 18 et 24 ans) ou ils sont Moscovites et Saint-Pétersbourgeois (32%) », lit-on dans les résultats de l'étude. Il est cependant à noter que la ville de Saint-Pétersbourg se trouve à la frontière et que les citadins considèrent la Finlande, l'Allemagne, les pays Baltes et la Pologne comme leur voisinage immédiat, à l'instar des provinces françaises se trouvant à la frontière de l'Allemagne, de la Belgique, de l'Italie, de l'Espagne ou de la Suisse.
Il est également curieux de rappeler que le sondage du mois d'août dernier mené par le centre sociologique « Lévada-Centre » financé de l'étranger a affiché des résultats fort semblables, à savoir : 70% de Russes estiment que la Russie doit poursuivre sa politique étrangère, nonobstant les sanctions des Etats-Unis et de l'UE.
Selon les experts, en mars 2014, la quantité de citoyens qui se disaient « inquiétés » par l'isolation du pays était plus considérable (56%). Aujourd'hui, selon l'opinion de 43% de population, l' embargo n'a mené qu'à un empirement jugé « peu significatif » . Il n'y a que 29% qui jugent les problèmes économiques liés à la politique de l'Occident comme « préoccupants ». Tandis que 20% croient franchement qu'aucune sanction n'est à même d'influencer la conjoncture économique de leur pays.
« Les gens réagissent au rétablissement du statut de la grande puissance. Pour eux, c'est plus important que la situation économique », croit Lev Goudkov, directeur du « Lévada-Centre ». En même temps, toujours selon les données du VCIOM, 26% de citoyens russes reconnaissent déjà leur pays pour une puissance mondiale ; 49% croient qu'elle va le devenir dans les années à venir. Il n'y a que 18% qui expriment un doute là-dessus.