Rex Tillerson, secrétaire d'État américain a déclaré lors d'une rencontre avec le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu qu'il estimait que c'était le peuple syrien qui déterminerait le sort du président Bachar el-Assad sur le long terme.
Il a souligné que les forces locales contrôleraient la ville de Raqqa, occupée par le groupe terroriste État islamique (EI ou Daech), après sa libération.
Andreï Tchouprigine, spécialiste en Proche-Orient, professeur de l'École des hautes études en sciences économiques, est partiellement d'accord avec le secrétaire d'État américain.
« Je suis obligé de partager l'opinion de Rex Tillerson dans une certaine mesure. D'une part, c'est le peuple syrien qui décide. Mais d'autre part, beaucoup de choses dépendent de la Russie et des États-Unis. À mon avis, le sort du président syrien sera déterminé par les hauts fonctionnaires de ces deux pays », a-t-il déclaré.
L'expert est convaincu que le peuple syrien se prononce plutôt contre la destitution de Bachar el-Assad.
« Les déclarations selon lesquelles le peuple syrien pâtit de l'activité de Bachar el-Assad ne sont pas exactes. Si vous demandez aux Syriens dans la rue ce qu'ils pensent du président (il ne s'agit pas de territoires occupés par l'opposition immodérée), ils vous répondront qu'ils ne se prononcent pas contre la présidence d'el-Assad. Je dirais qu'ils le soutiendraient. Tout le monde se rend compte qu'une fois devenu président, Bachar el-Assad a commencé à réaliser des réformes importantes. Il n'y a pas réussi, mais c'est un autre problème. Cela ne dépendait pas de lui. Le peuple syrien s'en souvient. Ainsi, la majorité des Syriens, notamment la population chrétienne qui est assez puissante aujourd'hui en Syrie, soutiendra Bachar el-Assad. Il n'y a pas de candidat alternatif pour le moment », estime M. Tchouprigine.
La Russie qui a déjà beaucoup fait pour le leader syrien doit poursuivre sa stratégie, estime l'expert.
« Il faut que Moscou continue à faire tout ce qu'elle fait aujourd'hui pour Damas. Il n'est pas exclu qu'il y ait des difficultés liées à la question kurde, car la position russe ne correspond pas à celle de Damas. Mais je pense que ce problème sera finalement résolu », a-t-il conclu.