Pourquoi les habitants de l'Asie centrale rejoignent l'EI ?

Une analyse statistique de l'activité du groupe terroriste État islamique (EI ou Daech) visant à enrôler des terroristes a été récemment publié.

« Entre le 1 décembre 2015 et le 30 novembre 2016 20% des kamikazes de l'État islamique ont été indiqués comme "des combattants étrangers" », lit-on dans un rapport publié par le Centre international de lutte contre le terrorisme.

Selon le rapport, 186 kamikazes étrangers ont péri. La nationalité de 15 d'entre eux n'a pas été déterminé. Les autres étaient les ressortissants de 31 pays. La majorité d'entre eux était en provenance du Tadjikistan. Les Saoudiens, les Marocains, les Tunisiens et les Russes font également partie de ce classement.

Les représentants du Centre international de lutte contre le terrorisme indiquent qu'en un an le nombre de Tadjiks tués en Syrie et en Irak suite à des attaques en voitures piégées dépasse celui de ressortissants d'autres pays.

Shamil Soultanov, président du Centre de recherches stratégiques « Russie ‑ Monde islamique » a commenté ce rapport dans une interview accordée à Pravda.Ru.

« Je ne comprends pas comment les auteurs de cette recherche sont arrivés à une telle conclusion. Autant que je sache, la plupart des combattants de l'État islamique sont des Irakiens et des Syriens. Je ne suis pas sûr que Daech enrôle principalement les Tadjiks. Il y a un élément de propagande dans cette étude qui nous convainc que Daech utilise les terroristes étrangers comme des "bombes vivantes" », a déclaré M. Soultanov.

À la question de savoir pourquoi le Tadjikistan est un des pays les plus exposés, l'expert a répondu que cela remonte aux problèmes socio-économiques en Asie centrale.

« Les inégalités sociales qui se manifestent dans les pays d'Asie centrale à majorité musulmane, notamment au Tadjikistan et en Ouzbékistan pèsent lourd sur leurs habitants. Ils commencent à panser que la structure de leurs États ne correspond pas aux principes fondamentaux de l'Islam. Ces contradictions poussent certains d'entre eux à rejoindre l'État islamique ».

« L'absence de justice sociale dans ces pays est la cause principale radicalisation de toutes ces personnes. Ici l'aspect religieux est moins important », estime l'expert.