Le chef de la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR) Alexandre Zakhartchenko a signé un décret qui transforme la ligne de contact en frontière nationale. Ceux qui veulent traverser la frontière doivent désormais être enregistrés. Le franchissement illégal de la ligne de contrôle sera considéré comme « le franchissement illégal de la frontière d'État ».
Le fait que la DNR instaure la frontière n'est pas surprenant. Les responsables ukrainiens prononcent de plus en plus des discours insultants concernant les habitants du Donbass. Par exemple, le ministre ukrainien de la Culture Yevgueniï Nistchouk a déclaré que « les facultés mentales des habitants des régions du sud et de l'est de l'Ukraine sont remises en question ». C'est pourquoi la population de ces régions n'est pas en mesure de percevoir la culture ukrainienne, a-t-il souligné. Plus tard, il a déclaré ne pas vouloir dire cela ce qui a beaucoup surpris même les journalistes ukrainiens qui l'avaient cité mot pour mot.
Oleg Livantchouk, maire de la ville de Krasbnogorovka, qui occupe le territoire du Donbass contrôlé par les militaires ukrainiens, a expliqué pourquoi les habitants du Donbass ne partagent pas l'avis des autres Ukrainiens. Il s'est trouvé que cela dépend de leur « culture intellectuelle ». Il n'a pas présenté ses excuses.
L'ex-président ukrainien Léonide Kravtchouk a fait une déclaration controversée selon laquelle Kiev n'avait besoin que du territoire du Donbass, ses habitants ne l'intéressaient pas.
Mikhaïl Pogrebinski, politologue du Centre des recherches politiques et de la conflictologie de Kiev a déclaré dans une interview accordée à Pravda.Ru que cette démarche du chef de la DNR était un pas vers la séparation définitive du territoire de la République populaire de Donetsk de l'Ukraine.
« Ce sont des pas précis vers la séparation définitive de ce territoire de l'Ukraine. Je ne sais pas comment on peut l'interpréter autrement. Comme la république n'est pas reconnue et il est prématuré de parler de sa reconnaissance, ce décret pourrait être qualifié d'une base de reconnaissance future », a-t-il déclaré.
« À mon avis, cette mesure vise à mieux contrôler la ligne de contact. Dès qu'elle deviendra la frontière, les militaires du Donbass pourront officiellement fermer tous les sentiers, souvent utilisés par les agents de diversions (ce qui a été confirmé par les services de sécurité des deux républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk (LNR). Je pense que l'armée de la DNR craint ces agents de diversion. C'est pourquoi les autorités de la république ont pris la décision d'instaurer la frontière », a précisé l'expert.
À la question de savoir pourquoi M. Zakhartchenko « offre » à Kiev le reste du Donbass, M. Pogrebinski a déclaré que les territoires des républiques autoproclamées ne pourraient être élargis.
« Son initiative est logique car il reconnaît que les autorités de la république n'ont pas besoin d'élargissement du territoire de la DNR. Je ne peux pas m'imaginer comment le territoire des républiques pourrait être élargi. Cela contredirait les accords de Minsk. La DNR, la LNR et Moscou qui les observe ne peuvent pas inscrire cette question à l'ordre du jour car cela pourrait être utilisé comme un prétexte permettant d'accuser la Russie de violation des accords de Minsk.
« Je ne pense pas que quelqu'un tente de franchir la frontière. Il ne faut pas attendre une opération d'envergure car cela signifierait que l'Ukraine assume "la sortie du processus de Minsk". Comme la position du président américain Donald Trump n'est pas encore précisée, il n'y aura pas d'actions énergiques dans le Donbass », a-t-il conclu.