Elle ne veut débattre de l'avenir de l'opposition syrienne à marchander contre la fin accélérée du siège d'Alep. Mais le secrétaire d'État américain John Kerry n'en démord pas : il essaie d'obtenir coûte que coûte une solution acceptable pour Washington.
Selon Washington Post, Kerry a peur de voir Trump conclure « une transaction de tout autre genre entre l'Amérique et Moscou » qui « abandonne l'opposition à son sort et rangera fermement Washington du côté des partisans du président de Syrie Bashar el-Assad ». Les médias américains caractérisent les agissements de Kerry comme « débridés et inimaginables ».
La Russie pourrait-elle accepter une telle « transation » ? Léonid Kroutakov, politologue et expert nous livre son point de vue :
- Est-il possible de prévoir une sorte d'accord à champ d'action réduit avec l'administration américaine sortante ?
Léonid Kroutakov. Je ne crois pas que la Russie puisse s'arrêter. La Russie a marqué un temps d'arrêt et n'a mené aucune action militaire de ses forces armées jusqu'à la fin de la présidentielle américaine. Et maintenant je crois qu'elle achèvera la bête. En premier lieu, Obama est un « canard boiteux » et il serait insensé de débattre avec lui. En tout cas, tous les engagements pris avec lui revêtiraient un autre caractère après l'avènement de Trump. C'est pourquoi nous avons une marge temporelle jusqu'à l'investiture du nouveau président américain fin janvier. Et c'est pour cette raison que j'estime que la Russie ne va pas s'arrêter. Avant, il y avait quelques chances de s'entendre de façon pacifique... Plus maintenant ! Je crois que le problème d'Alep sera traité de façon définitive.
- Quelle sorte de transaction pourrait-on avoir avec Trump ?
LK. On pourrait au moins faire fixer nos positions respectives sur le Proche-Orient. On pourrait aussi avancer sur l'Ukraine. Trump s'occupera, bien évidemment, en premier lieu, des problèmes américano-américains : renaissance de leur industrie dans le périmètre contrôlé de façon rigide par les Etats-Unis au sens politique et militaire du terme. Il s'agit de l'Amérique du Sud et de l'Europe. C'est qu'il a à balayer devant sa porte. En Syrie et en Ukraine, il lui faudrait s'entendre avec la Russie. Il faudrait au moins répartir et ventiler pour départager. Alors l'angle des négociations est strictement fonction des positions sur lesquelles la Russie et les Etats-Unis camperaient au moment du lancement des pourparlers. C'est pourquoi Alep sera un dossier classé bien avant. Autrement dit ça ne doit pas être remis sur table au moment où Trump se mettrait dans le fauteuil présidentiel.