Cette décision a été prise a posteriori parce que le cardinal de Croatie, l'archévêque de Nikopsis et le coadjuteur de Zagreb Aloisiï Stépinatz est décédé en 1960. Ce religieux soutenait le régime pro-nazi d'Oustachis, en Croatie. Il faut également se souvenir que cette personne porte sa part de responsabilité dans l'extermination des milliers de Juifs et Tsiganes mis à mort par les nazis croates.
A titre d'exemple, on peut citer quelques 700.000 personnes exécutées dans le camp de Yasénovatz dont 500.000 Serbes orthodoxes plus 200.000 Juifs et Tsiganes (pour l'ordre de grandeur, la grande purge de Staline était de l'ordre de 700.000 sentences de mort). Le camp de Jadovno équivalait à 50.000 prisonniers martyrisés. Dans le camp de Stara Gradiska approximativement 70.000 femmes serbes orthodoxes trouvèrent la mort. Le camp fut gardé par les religieuses catholiques. Les camps de Slano et de Pag donna la mort à une dizaine de milliers de Serbes.
Il est également à noter que la majorité de sentences fut mise à exécution à l'arme blanche les Oustachis croates ayant inventé un couteau spécial à cette fin pour ne pas fatiguer le bourreau (le «srbosjek » voulant dire « égorgeur des Serbes »). Avant la mort, les victimes furent souvent écartelées, leurs crânes enfoncés avec des marteaux spéciaux, leurs yeux arrachés, les seins des femmes coupés de leur vivant. Un ami proche du Mgr, le dictateur Ante Pavelic a même montré à un journaliste italien un panier rempli d'yeux des Serbes qui lui fut offert en cadeau par ses fidèles (Marc Aurelio Rivelli, « Le Génocide occulté », Age d'homme, 1988). Selon le livre du journaliste italien, l'un des gardiens du camp portait un collier d'yeux arrachés et l'autre arborait une ceinture composée de langues coupées. Certains Serbes ont été forcés à boire le sang encore chaud de leurs parents, après quoi on les mettait également à mort. Les membres d'une Conférence historico-religieuse « Le dialogue catholico-orthodoxe d'après Yasénovatz » qui s'est tenue à Saint-Pétersbourg en octobre 2010 ont qualifié l'idéologie de la Croatie de « fascisme clérical ».
La conférie locale de Saint-François d'Assise a ouvertement rejoint le mouvement Oustache pendant la Seconde guerre mondiale. Lors de la messe, les prêtres appelaient leurs ouailles aux meurtres des Orthodoxes (Victor Novak, Magnum Crimen.Zagreb,1948).En 1946, Aloisiï Stépintaz a été condamné à 16 ans de prison pour collaborationisme. Il est mort de trombose à 61 ans purgeant sa peine de réclusion à son domicile.
Mais nonobstant ces faits, le verdict de 1946 vient d'être définitivement levé par la cour du district de Zagreb. Le juge Ivan Touroudik a déclaré que cette sentence est illégale à cause d'un vice de procédure. Il a également fait valoir que la condamnation de Stépinatz était due à « la vengeance des communistes ».
Aujourd'hui de nombreux Catholiques révèrent Stépinatz et demandent sa sanctification. Ils avancent que la lutte contre le communisme est déjà une « sainte cause » en soi. Une telle approche n'est pas sans rappeler les panneaux nazis exposés maintenant dans le musée d'histoire de Berlin où l'on appelait les Français à se joindre aux SS pour devenir de « nouveaux croisés » et lutter « contre les hordes communistes athées ». Quant à Pavélitch qui n'a pas raté une seule messe de sa vie, il avait tendance à considérer la Croatie comme un bastion de la religion catholique dressé contre l'Orthodoxie.
Il faut également prendre en compte que cette nouvelle politique laïque et ecclésiastique peut mener à la croissance de tensions avec la Serbie limitrophe.