Une citoyenne allemande témoigne que les autorités locales demandent à la population d'être « de petites Cendrillons » à l'égard des immigrés. On se souvient que ça se passe au moment où tout le pays pleure les victimes d'un attentat au camion-tueur, survenu à Berlin, Breitshatzplatz. 12 personnes y ont trouvé la mort sur le coup, 50 s'en sont retrouvées à l'hôpital.
Les médias n'ont pas été très prompts à réagir les premières informations ayant été publiées quelques 1 heure et demi après l'attentat. Qui plus est, la source principale a été un compte Twitter de la police allemande. On a comme l'impression que les responsables aient voulu taire le meurtre et garder leur candide torpeur jusqu'au prochain crime.
Gallina Wilhelm, citadine à Hambourg, nous livre ses impressions sur le triste quotidien des autochtones et leurs idées qui se font inaudibles sur la place publique :
- Angela Merkel a mis du temps pour reconnaître que tous ces morts étaient dus à un attentat terroriste, en parfait parallélisme avec l'événementiel du 14 juillet, à Nice. On parle juste d'un accident survenu dans un marché de Noël, au centre-ville... Est-ce un signe révélateur ?
Gallina Wilhelm. Pour autant que je sache, la chancelière a été tout de suite forcée à reconnaître, à son corps défendant, qu'il n'y ait pu s'agir que d'un acte terroriste et point d'un accident de la route. Qui plus est, nous nous attendions à une autre réaction de sa part,et ça a été une surprise pour nous. Merkel a bien dit qu'il s'agissait d'un terroriste, d'un demandeur d'asile. Mais je ne sais si ce communiqué a paru tout de suite ou avec un délai. Mais le lendemain j'ai bien lu l'information dans la presse où tout a été correctement interprété. C'est une grande première, à ma connaissance.
- Avez-vous l'impression que les médias aient reçu des consignes ? Croyez-vous que les journalistes doivent obéir à des ordres et ne peuvent transmettre vraiment ce qui se passe sur les lieux des attentats, surtout quand il s'agit des immigrés ? Que se passe-t-il chez vous en ce moment ?
GW. C'est que pour la première fois, on a eu affaire à ce genre d'actus lorsqu'on était en pleine fête du Nouvel An, à Cologne. Ca s'est passé le 5 janvier dernier, je crois. Et on a su que les autorités voulaient faire taire l'affaire. On essaie de ne pas trop tirer les événements au grand jour. Je ne réponds pas des sources officielles, mais ça jase dans les chaumières et selon les « on-dit », les autorités mettent tout sous une chape de plomb. Il y aurait une consigne secrète.
Pour ce qui est des derniers événements, j'ai regardé le Journal d'Actus d'hier soir. La police nous appelle à garder notre calme, à rester à la maison et à ne pas chercher à faire monter la pression. C'est, à proprement parler, notre politique actuelle. Même le président a fait un discours à la télévision et a dit que l'on ne saurait répondre par la haine à la haine des criminels. Autrement dit, on doit de nouveau faire preuve de tolérance. Ca nous emballe un peu, vous comprenez, parce que...
- D'accord ! Vous n'avez pas à répondre par la haine, mais comment alors pouvez-vous réagir ? Comme toujours, il y a un point de non-retour lorsque la marmite est en ébullition...
GW. Ils nous appellent à garder notre sang-froid, ne pas sortir et on a même montré à la télé des « tweets » des insoumis qui nous traitent de brebis et nous appellent à la violence. Eh bien, les médias ont interprété ces messages au sens péjoratif : ils ont dit que l'on ne saurait procéder de la sorte, qu'on peut pas haïr, qu'il faut rester bons et tolérants comme de petites Cendrillons des contes de fées...
- Qu'en est-il du meurtrier ? A-t-il été interpellé ?
GW. Selon les dernières données, hier on a relaxé un présumé coupable qui a été innocenté pour manque de preuves tangibles. Et aujourd'hui il a été divulgué que l'on aurait mis la main sur un permis de conduire qui traînait dans le camion sous le siège du conducteur et que ce permis était au criminel qui, par ce fait même, a été identifié. Ce serait un Tunisien, à ce qu'il paraît. Mais je m'en sens indignée parce que tout ça est cousu de fil blanc. C'est assez étrange, non ? Pourquoi ne nous l'a-t-on pas dit tout de suite ? C'est quoi - un manque de professionnalisme ou de l'incompétence ? Comment ont-ils donc cherché pour avoir mis un jour à fouiller un pauvre camion ? Et pourquoi le type a-t-il laissé traîner ses papiers ? Il y a là anguille sous roche, comme on dit...
Les flics nous promettent, bien sûr, de retrouver le coupable, mais ça ne mange pas de pain, non ? Ils disent qu'ils se sentent sous pression et qu'ils travaillent d'arrache-pied.
- Les mesures de sécurité se sont-elles renforcées ? Voyez-vous plus de policiers dans la rue ?
GW. C'est que je n'habite pas une très grande ville, moi. Ici tout est un peu différent. C'est vrai que les immigrés, j'en aperçois beaucoup, moi-même, mais je ne les sens pas dangereux. C'est peut-être parce que j'habite la banlieue, dans un coin tranquille. Tout ce que l'on apprend, on le tient de l'internet. Focus online est toujours le premier à nous mettre la puce à l'oreille. Et la télé est toujours la dernière à réagir.