Le service militaire est fort prisé en Russie

Le service militaire devient de plus en plus prestigieux en Russie. Les citoyens russes n'ont plus peur de conscription. Plus de 60 % de Russes acceptent ce dernier impôt en nature obligatoire pour la population masculine.

 

Et il n'y a que 23 % qui cherchent à l'éluder. En même temps, 84 % de Russes se croient protégés par leur armée. Un tel changement qui s'est opéré dans l'approche sociétale exige quelques explications qui ont été accordées à Pravda.ru par Guennadi Shorokhov, adjoint au président de l'Association « Fratrerie d'armes », secrétaire de l'Union internationale « Compagnons d'armes », vétéran de la guerre en Afghanistan :

 

GS. Suite à la politique du président Poutine qui accorde une grande attention au poste des dépenses « Réarmement », on sent le prestige de l'armée accru. Mais l'essentiel, c'est le patriotisme de la société. Nos citoyens comprennent tous que l'expression la plus accomplie de ce sentiment noble c'est de servir leur Patrie les armes à la main. Il faut également prendre en compte que la quantité de patriotes prêts à servir leur pays connaît une nette augmentation.

 

Question. Il n'y a que 10 % de Russes qui ne croient pas à la capacité de leur armée de défendre le pays en cas de danger imminent. Votre commentaire ?

 

GS. Il existe une réalité objective de la conjoncture mondiale que nous vivons tous. L'armée russe, elle, accomplit ses objectifs liés à la sécurisation des intérêts russes à travers le monde. Je crois que tous les objectifs que nous avions déjà atteints en servant notre pays, à savoir la défense de notre Constitution dans le Caucase du Nord, les tâches menées à bien en Syrie, témoignent de l'état moral et du niveau de professionnalisme de notre armée. Que puis-je dire à ces 10 %? Vous ne ne nous croyez pas ? Soit ! C'est votre droit le plus absolu ! Restent quelques 90 % de notre population.

 

Question. Etes-vous pour le maintien de la conscription ou croyez-vous qu'il serait grand temps de passer à l'armée professionnelle ?

 

GS. Nous opérons un mouvement par paliers successifs en direction de la création de l'armée professionnelle. L'armée basée sur la conscription touchant toute la population masculine adulte d'un pays donné a aussi ses inconvénients. Notre service actif se limite actuellement à 12 mois ce qui est peu de chose : le soldat doit montrer pleine maîtrise de la technique militaire et des armements complexes. Et après, il s'en va. C'est-à-dire que juste après être devenu un vrai spécialiste, il nous quitte !

 

C'est pourquoi j'opte pour la création d'une armée professionnelle où les bleus pourraient rester après avoir passé par le stade préparatoire et où ils pourraient faire fructifier leurs acquis. Pour moi, il n'existe pas d'autre voie possible... Une telle armée montrerait de bien meilleurs résultats.

 

Question. Qu'aimeriez-vous dire à tous la veille de la fête des armées qui tombe le 23 février ?

 

GS. Tout d'abord, laissez-moi féliciter tous les hommes russes parce qu'ils sont les vrais défenseurs de leur famille et de leur Patrie, par excellence. Nous vivons une période bien difficile et il est vraiment très opportun de se sentir défenseur et se sentir également prêt à défendre ses proches. Je vous souhaite une bonne forme physique, du bonheur et pleine réussite malgré les temps qui courent ! Pour ce qui est de nos vétérans, je leur souhaite une longue vie et une santé à toute épreuve. J'ai surtout une pensée pour ceux qui avaient défendu notre Patrie les armes à la main - nous sommes fiers d'eux. Tout citoyen doit éprouver ce sentiment parce que ces gens-là incarnent pour de bon la fierté de notre nation. Nous leur devons aussi beaucoup d'estime.

 

Un autre spécialiste mis à contribution par Pravda.ru est Andreï Nepriakhine, lieutenant-colonel de la garde des forces aériennes de Russie, vétéran de la première et de la seconde guerres de Tchétchénie, étoile d'or de la Fédération de Russie (2000), adjoint au commandant du bataillon du 45ième régiment de reconnaissance des parachutistes :

 

AN. Il est incontestable que le prestige de l'armée a grandi. Les autorités livrent beaucoup d'efforts pour réarmer et améliorer les conditions de l'existence des militaires. La conjoncture internationale qui s'envenime y est forcément pour quelque chose. Il va de soi que nous vivons la confrontation à tous les niveaux et, pour pouvoir répondre à l'agression, nous devons être forts. Nous sentons que l'État fait de son mieux en agrandissant les postes des dépenses pour un bon fonctionnement et la préparation professionnelle de l'armée.

 

Il va de soi que le prestige est également lié à la condition matérielle de nos guerriers. En même temps, la nouvelle technique qu'on nous livre suscite beaucoup d'intérêt de la part des jeunes conscrits et nous autorise à utiliser leurs profils professionnels. Quant à eux, les conscrits sentent qu'ils n'ont pas perdu leur temps pour rien en accomplissant leur devoir de citoyen, ne serait-ce que ça ! Et, en même temps, ils approfondissent leurs connaissances techniques. Il est aussi important de travailler la discipline militaire et contrôler l'état moral des troupes.

 

A mon sens, le soi-disant principe mixte - conscription + armée professionnelle - est la meilleure formule pour notre armée. Un tel procédé permet de former les réservistes rompus au maniement des armes, acquérir un métier militaire et avoir la capacité de mener la mobilisation permettant, en cas de besoin, de faire croître la quantité des effectifs humains engagés.