Les progressistes de l'Eglise responsables du déclin de la France

L'abbé David Gréa, curé de l'église Sainte-Blandine à Lyon, a une vision un peu curieuse de la liturgie. Noël à la patinoire, concerts en guise de liturgie, il préfère le chahut à la messe, et le remplissage de son église au message de l'Eglise en général. Pourquoi se gênerait-il du reste, puisque son diocèse le soutient et s'appuie sur lui alors que la plupart des églises se vide. Mais voilà : il se marie, et quitte le sacerdoce. Une image saisissante du grand vide de la partie progressiste de l'Eglise, responsable de bien des dérives dans la situation actuelle, comme l'a dénoncé avec courage Marion Maréchal le Pen. La nouvelle, que l'abbé Gréa a annoncée dans une lettre à ses fidèles, secoue fortement le diocèse. Notamment parce qu'il semble attribuer son infidélité au sacerdoce à Dieu, et justifier ainsi qu'il ait eu des relations avec une femme alors qu'il était curé : « Heureux comme prêtre je suis convaincu d'être appelé par Dieu pour ce beau ministère. Il y a quelques temps, j'ai commencé à construire une relation avec une femme avec laquelle je pense que Dieu m'appelle a vivre. Je découvre une joie insoupçonnée qui me semble dans la continuité de ce que j'ai vécu jusque là en me donnant corps et âme à votre service ».

 

Bref, ce qui devait arriver arriva : le cardinal-évêque de Lyon a donc déchargé l'abbé Gréa de sa paroisse et lui a demandé de prendre un « temps de recul et de discernement », le temps qu'il décide s'il veut ou non quitter le sacerdoce. Cela, c'est la procédure. Le choc est assez rude, au point que le vicaire général, le père Rollin, affirme : « C'est un temps difficile pour notre Église. Mais gardons gravé dans notre cœur cet appel du Seigneur à dépasser nos amertumes, nos rancunes, nos peurs. »

 

Du reste, l'abbé Gréa n'est pas le seul à faire n'importe quoi à la messe pour remplir son église. A Rennes - autre archidiocèse, le curé de Bruz Nicolas Guillou - qui assure aussi la pastorale des étudiants et la communication du diocèse, étant un proche de l'évêque Mgr d'Ornellas - s'est emparé d'un sabre laser pour faire son homélie, façon Star Wars. Cet habitué du bricolage liturgique - il a déjà mis un nez rouge pour assurer sa messe - qui privilégie la com' au sacré - un vestige peut-être du BTS de force de vente qu'il avait obtenu avant de choisir le sacerdoce - a été installé cet automne à l'abbatiale Sainte-Melaine de Rennes, près du Thabor. Où il persiste et signe, en annonçant une messe « pop lounge » le samedi soir, au motif que les 2000 paroissiens des années 1960 ne sont plus que 300 aujourd'hui. Pourtant, dans la même ville, les Catholiques adeptes d'une messe bien plus traditionnelle, à Saint-François, arrivent très bien à remplir leur chapelle sans transformer la messe en cirque...

 

 

Une génération d'évêques complexée, qui a préféré la respectabilité sociale aux valeurs catholiques

 

Tout ce progressisme de théâtre cache finalement un grand vide, et le poids écrasant d'une très grande responsabilité à la fois dans le déclin de l'influence de l'Eglise, et celui du pays, qui n'est plus irrigué par la force morale des principes catholiques. Marion Maréchal le Pen ne s'y est pas trompée, en interpellant avec force l'Eglise catholique sur l'avortement : « je pense que l'Eglise française a une grande responsabilité dans la situation actuelle », a-t-elle asséné dans l'émission Face aux chrétiens le 9 février dernier.

 

Prenant pour exemple la situation de l'avortement, elle affirme « aux Etats-Unis il y a un vrai combat qui est mené, un débat qui est permis déjà, avec la participation de nombreux responsables politiques (...) en France c'est inenvisageable, pourquoi ? Parce que l'Eglise de France a renoncé à mener ce combat. Nous payons un complexe ecclésiastique, au motif que l'Eglise aurait collaboré, colonisé. Des grands fantasmes qui ont conduit une partie de l'Eglise à s'acheter une respectabilité, à donner des gages au prix des combats à mener, comme l'avortement ».

 

Elle reste néanmoins optimiste : cette génération d'évêque complexée est « dépassée, ringarde », remplacée par une nouvelle génération d'évêques « sortie de ce complexe ». Elle espère qu'elle « va se réaffirmer, sortir du relativisme, et permettre la reprise de ces combats » sociétaux.

 

Ce que Marion Maréchal le Pen dénonce a un nom : il s'agit du péché dit du respect humain, grand oublié du progressisme catholique depuis le Concile. Notamment parce que pas mal des réformes du Concile - abandon du latin dans la liturgie, reconnaissance de la liberté de conscience et de l'égalité du catholicisme et des autres religions non révélées par le Christ, remplacement du principe  de vérité de l'Eglise par celui du nombre, abandon de la condamnation forte du marxisme ou de la franc-maçonnerie, refus de s'impliquer dans les choix et les combats de société - viennent justement du respect humain.

 

Ce péché, brocardé avec raison par le saint curé d'Ars et considéré par lui comme très important - il a été, une fois de plus, visionnaire - consiste à abandonner les devoirs religieux à cause du regard des autres. Renier le Christ en pratique, par peur de se voir traité de dévot. Par exemple refuser de réagir aux propos irreligieux ou blasphématoires d'un interlocuteur dans une discussion, refuser de défendre sa Foi au quotidien pour être bien vu au travail ou en famille, refuser d'aller à la messe le dimanche pour cause du week-end entre amis etc.

 

Un autre exemple concret, et vécu. Suite à un reportage pour la Pravda, me voici invité par un homme politique nazairien dans un restaurant de la ville tenu par un gauchiste assumé - c'est son droit - j'y ai trouvé la sainte Vierge reléguée aux WC. Une façon bien mesquine d'un petit esprit perdu dans les ténèbres de l'irreligion de s'attaquer à sa grandeur sacrée. Si j'avais laissé la Vierge en place, pour éviter un esclandre avec le patron, ou des retombées négatives pour l'homme politique en question, j'aurai péché par respect humain. J'aurai refusé de défendre l'Eglise par peur du regard des autres. J'ai sorti la Vierge pour la mettre sur le comptoir, en affirmant au patron que ce n'était pas sa place dans les WC, et ça a manqué se finir en bagarre. Mais se faire casser la gueule pour la défense de l'Eglise est de loin préférable au péché mortel. Le Christ, lui, n'a pas péché par respect humain : il s'est fait crucifier plutôt que de renier notre Seigneur.

 

A une échelle plus grande, consacrer les erreurs de la démocratie et du relativisme à la place du message du Christ et de l'enseignement millénaire de l'Eglise, c'est pécher par respect humain. La conséquence ne s'est pas faite attendre : en devant l'esclave du Monde, l'Eglise de France a forgé elle-même les outils de son déclin. En refusant de combattre le crime de l'avortement, elle se retrouve aujourd'hui obligée d'acquiescer à l'idéologie mortifère du gender - qui est largement présente dans les manuels de l'enseignement diocésain sous contrat avec l'Etat - et au crime terrible de l'euthanasie. En supprimant le latin à la messe, en soutenant les curés qui font du saint Sacrifice un spectacle de l'Olympia, elle ne règne plus que sur des églises vides.

 

En refusant de se battre contre le blasphème, en condamnant les catholiques qui refusent le blasphème et se battent contre, elle a provoqué une banalisation du blasphème quotidien - comme la statue de la Vierge dans les WC d'un restaurant - et l'effondrement d'une grande partie de la respectabilité sociale de l'Eglise. Alors que dans les années cinquante encore, au lendemain de la guerre, malgré le travail de sape de la JAC, des prêtres ouvriers et des marxistes planqués dans la prélature, l'Eglise de France fleurissait et multipliait les nouveaux lieux de culte. Voici le lourd bilan d'une génération de prélats complexés, devenus esclaves du péché du respect humain, et auxquels Dieu demandera : « qu'avez vous fait de mes talents ? ».