Terreur sous la Révolution Française à Nantes

Une trentaine de personnes se sont rassemblées à l'appel de son président Noël Stassinet, devant le pont Anne de Bretagne, et une plaque a été clouée. Une gerbe a aussi été lancée dans la Loire en mémoire des personnes assassinées sous la Terreur à Nantes.

 

Le sinistre Jean-Baptiste Carrier (1756-1794) fut, pendant la Révolution Française, le « représentant en mission » de la jeune République Française à Nantes, de septembre 1793 à février 1794. Doté, comme ses pareils, de pouvoirs quasi dictatoriaux, il fit la chasse à toutes les voix dissonnantes, nobles, curés réfractaires à la Constitution Civile du Clergé qui, s'ils l'avaient juré, les aurait séparé du Vatican - ils étaient très nombreux à l'ouest de la France ou tout simplement personnes suspectées d'activité contre-révolutionnaire pour s'être seulement plaintes du prix des denrées ou avoir été dénoncées par des jaloux. On voit que les régimes totalitaires du XXe et XXIe siècle, de Lénine à Daesh, se sont largement abreuvés à la source sanglante française.

 

Et à Nantes, la Terreur était d'autant plus forte que la ville était entourée d'une campagne qui avait largement choisi d'être fidèle à Dieu et au Roy. Malgré une terreur impitoyable - les « colonnes infernales » de soldats républicains massacraient des villages entiers en Haute-Bretagne, dans les Mauges, en Vendée, en Anjou, dans le Maine, les campagnes restaient fidèles à l'ancien Régime, les armes à la main. Même lorsque les soldats révolutionnaires emprisonnaient des familles entières, retenues comme « otages » si les Chouans continuaient à se battre, et enfermées dans des conditions effroyables dans les prisons des grandes villes.Notamment à Nantes ou aux Capucins de la Fosse, aux Carmes, dans l'ancienne Visitation, au Plessis-Tison etc., d'anciens couvents ou manoirs transformés en prisons, des milliers de prisonniers s'entassaient. Carrier craint l'épidémie. Alors il les fait noyer en Loire, dans des sapines qui ont servi à amener des marchandises en Loire, et qui sont sabordées en aval de Nantes. Le point de départ de ces funestes croisières est près du pont actuel Anne de Bretagne. Ils dérivent le long de la Loire, jusqu'à l'actuel pont de Cheviré où en 1954, lorsqu'on construit la centrale thermique (disparue), des bateaux emplis de corps enchaînés sont découverts, voire jusqu'à Paimboeuf. La marée ramène les corps dans Nantes, si bien que les autorités révolutionnaires interdisent aux habitants de boire l'eau du fleuve et de manger les poissons.

 

D'autres prisonniers sont fusillés dans les anciennes carrières de Miséry, sous l'actuel jardin des Oblates. D'autres encore meurent d'épidémies et de malnutrition, dans des prisons surpeuplées Quant à Carrier, il revient à sa demande à Paris en février 1794 pour faire guillotiner les 132 notables nantais girondins (modérés et favorables à une fédéralisation de la France) qui avaient été envoyés à la capitale, leur procès ayant à coup sûr été trop sensible à Nantes. Il finit par chuter avec la Terreur, le 3 septembre 1794, tandis que les notables qu'il voulait guillotiner sont acquittés. Mais les massacres à Nantes continuent jusqu'à la toute fin de 1794.

 

La République ne s'est jamais excusée pour ses crimes, qui ont conduit au « génocide britto-vendéen », c'est à dire à l'extermination systématique, parce qu'ils étaient opposés massivement aux crimes révolutionnaires, aux persécutions contre la religion catholique et à l'assassinat du Roi, d'un quart de la population des départements actuels de Vendée, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Mayenne et du nord des Deux-Sèvres. A Nantes, près de 10.000 personnes ont été assassinées sous la Terreur, 3000 autres sont mortes de maladies au cours de leur emprisonnement. Malgré le nombre des victimes et le traumatisme d'une ville décimée, aucun hommage officiel n'est organisé à ce jour pour leur souvenir. Seules quelques plaques commémoratives, notamment rue du Plessis de la Musse (près des anciennes carrières de Miséry) et près des Salorges (quai de la Fosse) rappellent l'hécatombe révolutionnaire.

 

Quant à Carrier, Noël Stassinet rappelle sur son blog qu'il n'a jamais été jugé pour ses crimes : « la même erreur est répétée : c'est le nombre de ses crimes qui l'a fait condamner à mort et exécuter. Cela est totalement faux; dans La Revue N° 38 de décembre 2014 du Souvenir Chouan de Bretagne un long article est consacré au bourreau nantais. Alors que se déroule à Paris le Procès du Comité nantais, à la suite du procès des 132 nantais, le député de Seine et Oise, Charles-François Dupuis monte à la tribune et va accuser Carrier de menées royalistes et contre-révolutionnaires (!!!). C'est pour cela qu'il sera jugé puis guillotiné le 16 décembre. »

 

 

La tradition d'accueil de la France date de 1793 selon Bernard Cazeneuve

 

Au Sénat, ces jours-ci, le ministre de l'Intérieur français Bernard Cazeneuve aurait dit au sénateur-maire frontiste du 7e secteur de Marseille « la France doit être fière de sa tradition d'accueil héritée de 1793 », nous a affirmé ce dernier, alors qu'il était venu, à l'invitation du FN de Loire-Atlantique, dans la banlieue nantaise le 13 novembre. Une tradition d'accueil qui commence par l'extermination systématique de son peuple, voilà qui est fin !

 

 

Génocide vendéen : le FN favorable à une reconnaissance officielle, pas à une repentance

 

Pascal Gannat, chef de file du FN en Sarthe et en Pays de Loire, tient à réagir au sujet de la Terreur : « la Révolution française est partie de l'idée qu'il fallait faire des réformes et est devenue un régime totalitaire. Elle a conduit à la destruction de 60% du patrimoine religieux de la France, de bibliothèques, d'oeuvres d'art. Il y a clairement un traumatisme profond, car la République n'a jamais reconnu le génocide dont elle s'est rendue coupable. Certes, Philippe de Villiers a magnifié l'Histoire au Puy du Fou, ce qui a contribué peut-être à refermer les blessures de jadis, mais le traumatisme perdure ».

 

En revanche, tant Pascal Gannat que Stéphane Ravier excluent un repentir officiel de la République si le FN arrive au pouvoir en 2017 : « S'excuser non, on ne s'excuse pas pour quelque chose qui a été fait il y a deux cent ans, la repentance il y en a assez, mais ce serait bien de donner une reconnaissance officielle au génocide perpétré par les révolutionnaires, notamment à Nantes. D'ailleurs c'est un scandale que la droite qui a globalement tenu le pouvoir depuis le XIXe siècle n'a jamais été capable de le faire », assène Pascal Gannat.