La Russie renforce son influence au Proche-Orient alors que les États-Unis ne l'en empêchent pas. Est-ce que les actions de Moscou conviennent à Washington, se demande Hossam Mohamed, journaliste de Sasapost?
L'auteur cite un exemple de la Syrie où la Russie a renforcé ses positions après quoi la Syrie est devenue « un symbole typique de rétablissement de l'équilibre dans la région arabe et d'affaiblissement d'influence américaine au Proche-Orient ».
Les pays du Golfe envisagent également de coopérer avec Moscou. Il s'agit de contrats de livraison d'armements pour un montant de 5 milliards de dollars.
Encore une difficulté pour les États-Unis est un rapprochement entre la Russie et le gouvernement libyen. Un représentant militaire de la Libye a déclaré que « le gouvernement saluait la proposition de la Russie de liquider le terrorisme » dans ce pays. Ainsi, une base navale russe à Bengazi (nord de la Libye) pourrait voir le jour, estime le journaliste.
Selon lui, le fait que les États-Unis n'empêchent pas la Russie d'entrer dans la région a du sens détourné.
« Washington permet à Moscou de "s'embourber" dans le Proche-Orient pour y rester pendant longtemps. Cela devient plus clair lorsqu'on analyse des déclarations de Donald Trump selon lesquelles les États-Unis ont dépensé 7.000 milliards de dollars depuis son intervention au Proche-Orient sans avoir atteint leurs buts. Est-ce que la Russie dépensera la même somme? », a écrit le journaliste.
Auparavant, Pravda.Ru a annoncé que des alliés traditionnels des États-Unis comme les Émirats arabes unis et l'Indonésie s'intéressent de plus en plus au matériel militaire russe. De bonnes relations avec la Russie deviennent une priorité pour ces pays. Par exemple, les Émirats arabes unis et la Russie négocient sur la livraison de plusieurs chasseurs russes Su-35 à ce pays. L'Indonésie, consommateur traditionnel de matériel militaire américain, est également intéressée par les chasseurs russes. Moscou et Jakarta préparent un accord de livraison de dix véhicules polyvalents de la génération 4++.
Est-ce que les USA ont accepté l'affaiblissement de leur influence? Alexandre Sobianine, président de l'Association de coopération frontalière a répondu à cette question dans une interview accordée à Pravda.Ru.
« Les États-Unis de Donald Trump envisagent de changer de politique au Proche-Orient. Ils veulent la rendre plus agressive, en recourant dans le même temps à la "diplomatie militaire" et non pas aux "services spéciaux de révolutions de couleur". Il s'agit de convergence des efforts dans la région, notamment russo-syriennes et iraniennes. Un grand nombre de villes stratégiques n'a pas été encore libéré. Les États-Unis redéploient leurs forces afin de rendre impossible l'existence du groupe terroriste État islamique (EI ou Daech). Alors, Raqqa (soi-disant capitale de Daech en Syrie - ndlr.) et Mossoul (soi-disant capitale de Daech en Irak - ndlr.) doivent tomber. En ce qui concerne les forces locales, ils ont fait une pause en attendant des actions de la part des puissances militaires. Je suis sûr à 78% que les États-Unis lanceront une opération d'envergure dans la région. Il n'est pas exclu qu'ils tentent de prendre Mossoul et de créer un État kurde », a-t-il déclaré.
Il a également ajouté que les forces locales comme la Jordanie, la Turquie, Israël ne faisaient qu'attendre.
« La Turquie s'énerve. Les Américains ne renoncent pas à l'idée de créer le Kurdistan indépendant, mais dans le même temps ils ne font rien », a-t-il souligné.
Selon l'expert, les propos selon lesquels la Russie « est présente au Proche-Orient » sont incorrects.
« Il s'agit d'une présence russe dans certaines régions de la Syrie et dans deux districts de l'Iran. Oui, nous négocions avec le Qatar en Libye, nous négocions avec l'Égypte sur la création d'une zone de libre-échange, mais nous ne sommes pas présents là, alors que les États-Unis sont partout. Voilà le contraste : un pays n'a déployé que plusieurs troupes alors qu'un autre est présent dans la majorité des pays de la région. De quelle concurrence s'agit-il? » , a précisé M. Sobianine.
« Il ne s'agit pas d'un "jeu". Il s'agit de l'entrée de la Russie comme un nouveau facteur politique qui change de règles que la région connaissait depuis l'intervention des États-Unis. Mais il ne s'agit pas de concurrence entre les États-Unis et la Russie », a-t-il conclu.