Ankara est prêt à lutter contre le groupe terroriste État islamique (EI ou Daech, interdit en Russie) en Syrie avec Moscou, a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan dans une interview accordée à la chaîne Haber7o.
Selon le président, la Turquie concertera ses efforts avec la Russie s'il y a une demande officielle de la part des autorités russes. Il a également souligné que la visite officielle est inscrite dans son agenda. Lors d'une rencontre avec le président russe qui aurait lieu en mars, il envisage de discuter d'une opération antiterroriste conjointe.
Auparavant, le président turc n'a pas exclu que son pays participe à une opération visant à libérer la ville de Raqqa, soi-disant capitale de l'État islamique en Syrie.
Le 29 novembre, M. Erdogan a déclaré que son armée est entrée en Syrie pour renverser le président Bachar el-Assad. Ces propos ont alors provoqué l'inquiétude chez les experts.
« Nous sommes venus en Syrie pour mettre fin à la présidence du dictateur Assad qui a organisé une terreur dans le pays au niveau d'État », a déclaré alors le président turc à propos des fins de l'opération de l'armée turque en Syrie. C'était la première fois qu'il a fait une telle déclaration depuis la normalisation entre la Russie et la Turquie suite à l'incident avec un chasseur russe abattu en Syrie.
C'est bien cette normalisation qui a rendu possible l'entrée de l'armée turque en Syrie car Ankara ne lancerait jamais une telle opération sans garanties de la part de Moscou. Cependant, les deux pays sont allés plus loin. Il s'agit d'une coopération dans le domaine militaire dans le cadre de laquelle les chefs d'états-majors généraux de deux pays ont rendu des visites réciproques.
Il est à noter que la question kurde inquiète le président turc beaucoup plus que la crise syrienne. Autrefois, Ankara avait de bonnes relations avec Damas concernant le problème kurde. Ainsi, les propos selon lesquelles le but de l'armée turque est de renverser le président syrien sont plutôt une invitation à un dialogue et non pas une déclaration de guerre.
M. Erdogan a également accusé les États-Unis d'avoir soutenu l'État islamique en Syrie. Cette déclaration a provoqué la colère de Washington.
« Ils nous accusent de soutenir Daech. Mais pour le moment ils accordent un soutien aux groupes terroristes. Il s'agit de l'EI et des groupes kurdes syriens, notamment du Parti de l'Union démocratique. C'est clair. Nous avons des preuves, des photos et des vidéos », a déclaré le dirigeant turc.