Le Politiquement correct détrône le drapeau français

A partir du 10 avril, l'on entre dans la « campagne officielle » des présidentielles. Une période très surveillée, très administrée et très codifiée. Mais cette année le CSA en a ajouté une grosse louche, en voulant faire encore mieux. Une bonne illustration de la « norme supplémentaire » française, qui s'ajoute aux autres normes au point de ne plus rien permettre.

 

Parmi les obligations de cette campagne officielle se trouvent les réglementations concernant les temps de parole (égalité stricte), l'affichage des panneaux électoraux, l'envoi des professions de foi des candidats et la diffusion sur les chaînes du service public des clips de campagne des candidats.

 

Or, le CSA a pondu un document de 11 pages sur les clips de campagne. Un actif stratégique : en 2012, rapporte l'Opinion, ils avaient touché jusqu'à 48% de la population de 4 ans et plus, soit 28 millions de personnes.

 

Cependant, au pays de la liberté d'expression, celle-ci est singulièrement réduite par le CSA : 48 articles réglementent tout, même le nombre de personnes qui peuvent accompagner le candidat pendant l'enregistrement ou le montage ! Le CSA exige aussi que les productions du premier tour soient à moitié réalisées par les équipes de France Télévisions - qui sont fortement syndiquées et penchent à gauche. Ambiance garantie lorsqu'il s'agira de faire les clips de campagne de Macron, Fillon, le Pen, Asselineau ou Dupont-Aignan !

 

Pis encore : l'article 9 interdit de «  faire apparaître tout emblème national ou européen ». Interdiction donc de faire apparaître le drapeau ou l'hymne, pour la présidentielle française ! Ni même probablement les tracts de certains candidats (Fillon ou Marine le Pen notamment) qui reprennent les couleurs du drapeau français.

 

L'Opinion cite un proche du CSA, qui craint que certaines campagnes ne « misent sur un nationalisme délirant ». Montrer le drapeau français est donc un signe de nationalisme délirant. Les maires qui pavoisent avec le drapeau français (ou européen) font eux aussi preuve de nationalisme délirant. Tout comme ceux qui l'accrochent à leur maison, ou qui l'ont mis sur leur Facebook après les attentats de Paris et de Nice !

 

Le politiquement correct fait des ravages...Et c'est justement ce qui a conduit le CSA à édicter cette règle absurde : la peur que certains ne soient « maltraités ou utilisés de manière négative ».

 

L'idée du CSA a suscité des commentaires acerbes, notamment sur le blog libéral Hseize. « Nous sommes en France, au XXIème siècle, qui a apparemment rendu complètement les armes devant le politiquement correct et les lubies mentales de contrôle de la population d'une partie des « élites » zélées en charge de la pénible bureaucratie française. Comment ne pas voir que ce Conseil vient, avec la souplesse et la prestance des cuistres les plus dodus, de décréter ce qu'un clip de campagne devait ou pas contenir, privant ainsi les électeurs de la vision exacte des candidats qui se retrouvent, de façon indubitable, cantonnés dans l'expression de leurs idées ? »

 

C'est en tout cas la preuve la plus claire possible que la question identitaire est devenue si forte, si prégnante, qu'elle oblige les élites à interdire le drapeau français sur les clips de campagne de la présidentielle française.