A en croire notre correspondant permanent en France Louis-Benoît Greffe (lire son article) les loups seraient aux portes de Paris. Du moins, l'Observatoire du Loup nous le jure en en découvrant les tanières à Rambouillet... Le sang du Saint-Janvier ne s'est pas liquéfié, lui, dans la fiole à Naples comme il a l'habitude de le faire une fois par an depuis un millénaire et demi. Selon les Italiens, les calamités ne tarderaient pas à arriver la dernière fois cela s'étant passé la veille d'un grand tremblement de terre en 1980 et l'avant-dernière - en 1939.
Loin de moi l'idée de me convertir en diseur de bonne aventure ou prédicateur, mais avec l'insurrection des banlieues difficiles on est tous un peu portés sur la question de la superstition, non ? Le contexte social est tellement difficile et l'argent rare que les gens ne savent plus à quel saint se vouer. Même le langage est stratifié maintenant : d'aucuns m'ont reproché de parler la langue de « grand'bourg » avec des tournures indéchiffrables ou vieux-jeu « comme si vous cherchiez à prouver que vous maîtrisez le français, Môssieu ! » Je ne peux évidemment que répondre que le Paris-16 et Janson-de-Sailly y sont impérativement pour quelque chose sans parler de Paris-III Sorbonne Nouvelle qui a couronné mon cursus avec son DEA de littérature générale et comparée. Tant pis ! On s'enflamme maintenant pour un oui, pour un non en cherchant noise à son prochain. Tout ça nous prouve que le désir d'en découdre s'étend comme un nuage de substance vaporeuse.
En même temps, la question reste entière : qu'est-ce qui ne va pas ? Pourtant, à mon sens, la réponse est bien simple : mais rien ne va ! C'est que la présidentielle avec le sacro-saint Macron (merci à mon ami, le blogueur d'Insolentiae d'avoir inventé le terme) ou un Fillon-pantouflard (sacrifier sa carrière pour femme et enfants, il fallait bien l'oser !)... Alors, quel espoir pour la France ?
Là je ne puis avancer qu'une seule chose : l'espoir est dans la cohésion nationale. Je ne vais pas m'en aller de ce pas de la salle rédactionnelle pour coller les affiches du FN, mais même les anciens jeunes (pas trop jeunes d'ailleurs, car on les appelait « jeunes » lorsque je l'étais moi-même et je marche presque sur ma cinquantième année) reconnaissent que Marine pense au moins au pays.
Vous n'allez tout de même pas voter pour la banque Rotschild ou encore pour un arnaqueur de première qui se dit à la rue en vivotant avec la pension de retraite de son épouse-institutrice et empruntant jusqu'à 1 million d'euros ?! Que dire aussi d'un châtelain aux allures princières et un air largement aristocratique, réservé et décontracté ? Etre riche, c'est bien, mais il faut aussi se souvenir de temps en temps de la nation.
La France le mérite un peu, non ? L'ennui est que quoi qu'il advienne, on ne peut que retarder l'explosion générale : il n'y a plus de peuple - il y a la population composée des strates qui ne se croisent pas. Mais comme la France n'est pas l'Amérique, cette formule des ghettos n'a pas l'air de marcher en Europe. Historiquement parlant, en France, il n'y qu'un moyen de vivre bien et durablement : c'est accepter intégralement tout l'héritage culturel et historique. S'évertuer à prouver qu'il s'agit d'une terre vierge où l'on peut construire à souhait ce que l'on veut, ne mène strictement à rien, sinon à la Carmagnole.
Alors les loups hurlent, le sang ne se liquéfie plus en Italie limitrophe, la quenelle se propage et les voitures flambent... Tout le monde y est plus ou moins habitué, mais il est clair qu'il suffit de craquer une étincelle pour que l'immense lac de kérosène sociétal prenne feu. Et la présidentielle peut bien servir d'un tel détonateur.